Cette sortie a été réalisée dans le cadre du projet de réédition de la brochure Mata Ora pour cette fin d’année scolaire.
Un club Patrimoine s’est mis en place dans le cadre des « accompagnements personnalisés » en 2de pour assurer cette réédition.
Le mercredi 11 novembre 2015, nous nous sommes donnés rendez-vous à 9h15 devant l’école Ahutoru d’Arue 1 afin de visiter en compagnie de Monsieur Antonio Mataoa, membre de l’association Pi’i Rau Rea, quelques sites culturels de notre chère commune. Malgré les intempéries de la veille, le mauvais temps semble s’être envolé pour laisser place à un magnifique soleil, nous permettant ainsi de faire notre promenade.
Je vais essayer de vous l’exposer le plus fidèlement possible mais auparavant laissez-moi vous raconter la légende de Nahiti-e-Rua, telle que nous l’a présentée notre guide Monsieur Mataoa :
« Ce jour-là, lorsque le grand prêtre a ouvert le Sacré, il a prié. Puis, à un moment donné, il est allé voir quelque chose dans sa maison. Lorsqu’il revint, il vit son enfant sur le marae, ce qui est malheureusement interdit. Alors, le grand prêtre dut, dans le sens du Sacré, déchirer son enfant en deux et le déposer sur l’autel. Après cet acte, il eut très mal au cœur. Il s’en alla donc vers la plage attendre son épouse partie pêcher et il lui apprit cette triste nouvelle à son retour. Ils pleurèrent ensemble, puis ils décidèrent de partir à Raiatea et de tout laisser derrière eux. Pourtant, au moment de quitter Arue, la mère entendit le cri de son enfant. Elle en fit part à son mari, qui ne la crut pas car il avait vu son enfant mort. Elle le réentendit encore une fois mais, bien que l’instinct maternel fût présent, la raison l’emporta et ils partirent.
Or, l’enfant déchiré par son père se transforma en deux oiseaux, un blanc et un noir, qui se rendirent à Raiatea pour chercher leurs parents. Ce jour-là, il y avait une princesse sur la plage. Elle portait une couronne et avait dans sa main une belle perle qui lui avait été offerte par son père, Hiro. Cette perle-là avait un pouvoir magique : on pouvait y voir le monde, le passé, le futur comme dans une boule de cristal. Les deux oiseaux emmenèrent la perle dans le ciel car elle était magnifique vue d’en haut. Ils s’amusèrent avec, devant la princesse. Mais, soudain, ils prirent la direction de la source Vainahiti à Arue avec la perle et la couronne.
Ayant appris la nouvelle, Hiro prit sa pirogue pour récupérer le trésor. Arrivé sur Tahiti, il suivit une formation permettant d’attraper les oiseaux auprès d’une vieille sorcière dont il avait entendu parler, car on ne peut pas attraper les oiseaux comme cela. Une fois la formation terminée, il alla derrière la source Vainahiti et il fit des incantations sur des pierres pétroglyphes afin d’acquérir la force nécessaire au moment où il saisirait les oiseaux. Au bout d’un moment, il entendit le bruit de Nahiti-e-Rua. Il s’approcha puis regarda autour de lui. Comme il n’y avait personne, son attention se reporta sur les deux oiseaux qui se trouvaient au-dessus de la source. Ils commencèrent à atterrir et lorsqu’ils touchèrent la source, Hiro essaya de les attraper mais il ne réussit qu’à prendre l’oiseau noir ; or, il fallait attraper les deux oiseaux. Hiro échoua donc car l’oiseau blanc eut le temps de s’échapper et de s’envoler vers le ciel… ».
Voilà, cette belle légende terminée, nous pouvons donc continuer notre visite.
La stèle de Tearapo située devant l’école Ahutoru fut notre premier arrêt. Tearapo, instituteur à Arue, a consacré de nombreuses années à recueillir des légendes auprès des anciens.
Le deuxième lieu où nous nous sommes arrêtés fut la source Vainahiti. Monsieur Mataoa nous a d’abord expliqué que ce terrain est une donation faite à la mairie d’Arue par la famille Hall, descendante du célèbre auteur américain James Norman Hall, alors propriétaire de cette parcelle. Puis, il nous a dit que lorsque le vent souffle dans les branches du purau au-dessus de cette source, on peut entendre comme les pleurs d’un bébé.
Ensuite, nous avons visité les pétroglyphes sculptés par Hiro lorsqu’il voulait attraper les deux oiseaux. Nous avons pu nous rendre compte de la force contenue dans ces sculptures en étant nous-mêmes acteurs d’une expérience qui nécessitait beaucoup de calme et d’ouverture d’esprit.
Puis nous sommes allés contempler brièvement l’arbre à pain du Capitaine Bligh. Cet arbre fut planté le 4 mars 1961 et si vous ne le connaissez pas encore, ces quelques lignes vous permettront de faire plus ample connaissance.
Par deux fois, « le commandant William Bligh de la marine royale d’Angleterre est venu à Tahiti chercher des arbres à pain pour les transplanter aux Antilles. Son premier voyage en 1787 s’est terminé par un désastre : la mutinerie à bord de son navire La Bounty. Le deuxième voyage a réussi, et en 1793, Bligh a débarqué ses plantes aux Antilles. Cet arbre est une pousse d’un des trois survivants des originaux apportés par Bligh à la Jamaïque, et desquels proviennent tous les arbres à pain qui actuellement sont répandus en Amérique tropicale. 168 ans après, un voilier, réplique de la Bounty originale, a rapporté cet arbre à sa terre d’origine. Il a été planté par la société nationale des Etats-Unis d’Amérique dans ce district d’Arue d’où le commandant Bligh emporta la plupart de ses plantes ».
Nous avons visité en dernier lieu le marae Ahutoru et le cimetière royal Pomare où l’on peut admirer la tombe des quatre premiers Pomare. Pomare V est enterré au même endroit mais sa tombe demeure au fameux site dénommé le Tombeau du Roi, endroit que je connais principalement pour sa plage. C’est ici que nous avons pu manger et nous détendre avec une belle vue car après l’effort, le réconfort.
Nous tenons tout d’abord à remercier notre guide, Monsieur Mataoa, pour les merveilleuses légendes qu’il nous a racontées à chaque arrêt ainsi que Madame Charbonnier et Madame Baffert, respectivement professeure de reo’maohi et documentaliste au lycée Samuel Raapoto, sans qui cette extraordinaire visite n’aurait pas eu lieu.
Lucie, 2° C – décembre 2015
Le fichier pdf de l’article est à votre disposition ici.
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